Il l'a fait ! Notre vendeur de Meyrin, Alex, s'était lancé comme défi de participer à l'Étape du Tour 2023 au départ d'Annemasse. Vous aviez suivi son entrainement cycliste, ses conseils, fait un tour d'horizon du matériel vélo nécessaire. Retrouvez maintenant le témoignage de son épopée.
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Nous sommes le 9 juillet 2023, il est 11h45, alors que je pédale sous une chaleur de plomb, et que j’entame le dernier quart de l’ascension du col de la Ramaz, des crampes me saisissent les jambes. Encore loin de l’arrivée, le doute commence à m’envahir. Comment rejoindre l’arrivée en passant par le col de Joux-Plane, la plus grosse difficulté de la journée, si je commence à cramper dans l’ascension précédente?
A ce moment là, je regrette. Est-ce que je regrette mon manque de sérieux dans mon entrainement ou tout simplement mon inscription à cette terrible Etape du Tour? Je ne m’en souviens plus clairement mais je regrette…
Pourtant, quelques heures plus tôt, je me présente à Annemasse assez confiant. Certes, mon entrainement ne fut pas rigoureux mais le peu de sorties longues effectuées l’ont toujours été en montagne. Et surtout, je ne suis pas ici pour jouer un résultat. Je veux simplement terminer, et si possible pas devant la voiture balais… Ma seule crainte est de me laisser emporter par l’excitation de la course, et le rythme de coureurs bien plus rapides que moi. Il ne faut surtout pas gaspiller de l’énergie inutilement sur le début de l’épreuve car les deux derniers cols seront aussi les plus durs. Le plan est donc simple, en garder sous la pédale tout le long, pour ne pas exploser. Vu mes dernières sorties, je pense que si tout se passe bien, je peux boucler ce parcours en 7h30.
Il n’y a plus qu’à le suivre le plan!
Plus que quelques minutes avant le grand départ. Les 16 000 participants à L’Etape du Tour sont dans leurs sas de départ respectifs. Il règne une ambiance typique des grandes cyclosportives. Il y a dans l’air un mélange de concentration, de bonne humeur et une pointe de tension due à la difficulté du parcours qui nous attend et à la forte chaleur annoncée.
Après quelques mots du speaker, le compte à rebours est lancé. 10, 9, 8,… Le moment que nous attendons depuis des mois va enfin arriver. Nous nous sommes préparés pour cela, il ne reste plus qu’à profiter de ce beau parcours qui nous attend. 3, 2, 1,… C’est parti!
La première partie, qui nous mène d’Annemasse jusqu’au début de la vallée verte, est plutôt plate. Nous partons plutôt vite, déjà des groupes se forment. Un sourire apparait tout de suite sur mon visage. Cela fait 2 ans que je n’ai plus connu cette sensation de rouler en peloton. C’est grisant! Je retrouve de vieux réflexes, je me mets tout de suite en position aérodynamique et me cale dans les roues de coureurs plus rapides. Je peux ainsi me faire emmener en dépensant moins d’énergie. Ce moment de plat à haute vitesse ne va pas durer très longtemps. Nous sommes là pour grimper, nous allons être servis.
Nous nous retrouvons très vite au pied du premier col de la journée : le col de Saxel. Long de 4,2km, sa pente moyenne est de 4%, et son profil est plutôt régulier. Il ne constitue pas une réelle difficulté. Le piège serait de trop en faire dans ce col facile et griller certaines de nos rares cartouches. Je me laisse donc volontairement décrocher du groupe dans lequel je me trouve car celui-ci monte à une allure plus soutenue que celle à laquelle je veux me contraindre. J’adopte une cadence de pédalage très souple et veille à ne pas faire monter le cardio.
A son sommet, nous rencontrons les premiers groupes de spectateurs de la journée. Les encouragements ne nous quitteront plus. C’est aussi un des charmes de cette épreuve.
Nous enchainons sur une descente d’environ 10km qui nous emmène vers la deuxième difficulté du jour.
Le col de Cou arrive vite, au 33ème kilomètre, nous commençons déjà son ascension. Plus long et bien plus pentu que le col de Saxel, il constitue la première difficulté du parcours. Sa pente moyenne est de 7,4% sur 7km. Les quatre premiers kilomètres sont les plus durs puis la pente se radoucit pour les trois derniers. La température est encore idéale. Je profite de l’ascension pour bavarder avec d’autres concurrents. L’ambiance est très relaxe, on ne sent pas d’esprit de compétition mais plutôt d’entraide et de convivialité. Après tout, nous nous battons tous contre le chronomètre, le dénivelé et la chaleur mais pas les uns contre les autres.
En haut, nous attend le premier ravitaillement. J’ai, depuis le départ, tous les gels et toutes les barres dont j’aurai besoin aujourd’hui dans mes poches. Je ne m’arrête donc que très peu de temps pour remplir mes deux bidons. Puis nous repartons pour une descente de 10km environ, sans difficulté technique et avec quelques beaux points de vue sur le lac Léman.
Nous enchainons tout de suite par le col de Feu. 5,4km pour 7,8% de pente moyenne, il est plus court que le col de Cou mais il n’est pas à prendre à la légère. En effet, la pente peut atteindre 13% par endroits, et la majorité de l’ascension se fait en plein soleil. Cela rend cette montée plus compliquée qu’elle n’en a l’air. Surtout que la température a monté. Nous transpirons tous énormément. Il faut veiller à boire régulièrement. A ce moment, je suis toujours en gestion, sur un rythme que je sais pouvoir tenir longtemps. Cependant il s’agit quand même du troisième col de la sortie et mes jambes commencent à le sentir. A son sommet, une descente courte mais plutôt technique nous attend.
Celle-ci nous mène à une partie ondulée du parcours s’étendant sur une trentaine de kilomètres. J’essaye, le plus possible, de prendre les roues dans cette partie plus roulante. L’ascension du col de Jambaz n’était pas répertoriée sur le plan du parcours car il s’agit plus d’un long faux plat que d’un vrai col. Cependant c’est peut être à cet endroit que je me suis laissé emporter. En effet, pour éviter de me retrouver hors d’un groupe, j’ai du tenir le rythme de celui dans lequel je me trouvais. Cela ne m’a pas permis de récupérer comme je l’avais prévu dans cette partie de transition.
Après ces quelques amuses bouches, le plat de résistance nous attend. Nous sommes alors au kilomètre 92 et nous nous préparons à défier le plus long col de la journée : le col de la Ramaz. A son pied, je m’arrête une deuxième fois pour remplir mes bidons. Nous allons partir pour 14 kilomètres à 7% de moyenne, en plein soleil. La température dépasse les 30 degrés, deux bidons pleins sont absolument nécessaires.
Les dix premiers kilomètres sont les plus durs. Les forts pourcentages de la pente et les kilomètres déjà parcourus se font sentir. Mon coup de pédale est bien moins aérien mais les points de vue magnifiques qu’offre cette ascension m’aident à supporter la douleur. La chaleur est suffocante. A tel point que j’en viens à attendre avec impatience la partie la plus raide de ce col car elle se situe dans un tunnel. A l’intérieur il fait plus frais mais chaque coup de pédale est difficile. Il n’est plus question de faire attention à ma fréquence cardiaque, seulement d’avancer mètre par mètre. Je suis sur le pignon le plus grand de ma cassette et pourtant ma cadence de pédalage est beaucoup trop lente. A la sortie du tunnel, la pente se fait plus faible et ce jusqu’au sommet. C’est à ce moment là que les crampes font leur apparition.
D’abord au mollet droit, quelques coup de pédales après, ma cuisse droite est touchée puis mon mollet gauche. Pendant quelques secondes l’angoisse m’envahit. Je sais que ma femme et mon fils m’attendent à l’arrivée à Morzine. J’ai peur que ces crampes m’empêchent de grimper ce dernier col qui me sépare d’eux. Je repense aux moments en famille que j’ai sacrifié ces derniers mois pour m’entrainer. Je ne peux pas accepter d’avoir fait cela pour rien.
Je rassemble vite mes pensées. J’ai déjà connu des crampes, je sais comment gérer ces situations. Généralement, lorsqu’elle apparaissent, il est très difficile de s’en défaire. Je décide d’un plan. La priorité est de les calmer. Pour cela, je vais profiter de la dernière partie du col qui est plus roulante. Au lieu de redescendre des dents sur ma cassette afin de prendre de la vitesse sur cette partie, je garde une vitesse faible afin de pouvoir pédaler très en souplesse. J’en profite pour m’hydrater abondamment, et avaler un gel. Des spectateurs m’aspergent d’eau, d’autres m’encouragent, la tentation de s’arrêter est forte mais je ne cède pas. Je continue jusqu’au sommet. Je sais qu’une longue descente nous attend ainsi qu’une partie de plat avant la dernière ascension. Je compte en profiter pour récupérer au maximum, bien m’alimenter et bien m’hydrater afin de repousser au maximum la réapparition des crampes. C’est décidé, coûte que coûte je dois arriver à Morzine! Même si je dois marcher les derniers kilomètres de Joux-plane, j’y arriverai!
La descente jusqu’à Samoens est longue et technique par endroits. J’essaye de garder au maximum ma vitesse pour pédaler le moins possible. Une fois au pied, pour les quelques kilomètres de plat restant, j’intègre un groupe. Je reste bien abrité pour m’économiser, j’en profite pour boire, pour m’étirer et me masser les muscles des jambes. Les prochains kilomètres vont être un enfer, je le sais.
Un dernier arrêt ravitaillement, puis c’est le moment tant redouté.
Devant nous se dresse un mythe, un col classé hors catégorie que nous devons affronter avec les quelques forces qu’il nous reste : le col de Joux-Plane. Sa longueur est de 11km et il présente une pente moyenne de 8,5%.
La raideur de la pente, le manque de replat pour récupérer, les kilomètres déjà parcourus mais surtout la chaleur font de cette dernière ascension un long calvaire. Je sent chaque coup de pédale et les kilomètres défilent très lentement. Les encouragements et l’eau versée sur ma nuque par les nombreux spectateurs me sont d’une grande aide. Je m’interdis de poser le pied à terre, ne serait-ce que pour remplir mes bidons dont le niveau descend très vite. A en juger par le nombre de cyclistes assis ou allongés sur le bord de la route, je pense avoir gagné beaucoup de places sur ce dernier col.
Une fois arrivés en haut, l’arche nous attend. Quelle délivrance de la voir au loin!
La fin du calvaire est proche, et finalement les crampes ne sont jamais réapparues. J’ai pu basculer au sommet et profiter de la descente vers Morzine.
Ces 12 kilomètres en roue libre m’ont permis de repenser au chemin parcouru. La remise en forme fut longue. L’équilibre vie de famille, vie professionnelle, et sport a été difficile à trouver, ce qui a beaucoup joué sur ma motivation par moment. Mais l’objectif est atteint puisque je termine L’étape en 6h40. Bien en avance sur l’objectif, ce qui est surprenant vu mon manque de sorties longues.
Je ne pourrais pas être plus satisfait car j’ai pu terminer et prendre beaucoup de plaisir sur le parcours sans avoir recours à un entraînement trop poussé. Ce qui est bon signe car les années à venir ne vont pas être moins chargées et je ne compte pas laisser le vélo prendre la poussière au fond du garage!
Un dernier mot pour remercier ma famille car leur soutien m’a été essentiel et vous tous pour avoir suivi mon parcours ces derniers mois.
A bientôt pour de nouvelles aventures!